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Changement de programme !

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Après ce billet publié la semaine dernière au sujet de mon épuisement maternel et de mes pistes pour remonter la pente, surtout en changeant de voie professionnelle, je ne pensais pas revenir aussi vite vous donner des nouvelles.

Je pensais plutôt avoir la tête dans le guidon, les casseroles même et revenir ici plutôt dans quelques semaines.

Oui mais …

(le teasing) j'ai du quitter la formation.

De ma propre volonté, jeudi j'ai décidé de rompre le contrat que j'avais passé avec l'organisme de formation.
Elle est gonflée, elle, vous vous dites ? Lisez la suite avant.

Quand je suis arrivée lundi, j'ai découvert que j'étais la seule à intégrer la formation de titre pro cuisinier. Je savais qu'il y avait des intégrations régulièrement, mais je pensais qu'ils attendaient au moins d'avoir deux ou trois candidats pour qu'ils puissent progresser ensemble. Le matin, j'ai rempli des papiers administratifs, seule dans une salle et l'après-midi, comme le groupe devait avancer sur les recettes qui seraient réalisées le lendemain en pratique, je suis à nouveau restée seule à remplir des polycopiés sur les expressions culinaires. C'était assez facile car j'en connaissais déjà certaines et donc j'ai vite terminé les quatre pages du document. Et après j'ai attendu … j'entendais ce qui se racontait dans la salle d'à côté et je me suis dit que quand même, le niveau n'avait pas l'air bien haut puisque le prof est resté sans réponse à la question "qu'est-ce c'est l'ail en chemise?". Mais bon, ils étaient peut-être tous débutants…
Aux deux pauses de la journée, j'ai posé quelques questions sur les stages aux personnes du groupe. "Ah bah les stages c'est chaud puisque l'organisme est grillé sur Saint-Robert, le dernier stage que j'ai réussi à avoir, j'ai pas touché un couteau, j'ai fait la plonge et les chiottes pendant 15 jours". GLOUPS.

En rentrant le soir, j'étais encore motivée, c'était le premier jour et même si on m'avait demandé de ne pas venir le lendemain parce que c'était la pratique, je me disais que jeudi je pourrai aller en cuisine.
Le mercredi, je suis retournée au centre et j'ai découvert mon groupe. Et là, je suis un peu tombée de mon piano de cuisson.
Le niveau était très bas même chez ceux qui devaient sortir de la formation en juin. On a travaillé le matin sur les questions techniques qui peuvent être posées à l'examen et la grande majorité était complètement larguée. Alors on a revu les notions et j'ai appris pas mal de choses mais j'ai immédiatement compris qu'en fait le centre fonctionne avec des polycopiés (comme ceux que j'avais eus le premier jour) et que chaque stagiaire remplit seul ses poly et ensuite, on lui donne le document avec la correction pour qu'il se corrige lui même. Donc beaucoup de notions n'étaient pas assimilées. A cause principalement des intégrations en différé qui obligent le formateur à laisser des élèves en autonomie pour avancer avec les autres.

Quant au déroulement des cours en classe : le prof écrivait TOUT au tableau (aucune prise de notes par les stagiaires) et donc j'attendais que tout le monde ait fini d'écrire et c'était vraiment long. Le mercredi après-midi, je me suis même demandée si je n'étais pas en plein sketch parce que le prof écrivait au tableau TOUTE la progression des recettes qui seraient réalisées le lendemain en cuisine alors que cette même progression était écrite sur la feuille de la recette. Ok, il ajoutait des précisions mais pourquoi ne pas dire aux élèves de les indiquer SUR la feuille ad hoc ? Bref, il a encore fallu attendre que toute le monde ait fini d'écrire. Et la cerise sur la journée, c'était le Bigard du groupe qui ne loupait aucune occasion (ou en créait) pour sortir des blagues de cul. Des très lourdes, pas de petites insinuations. Je pense que je n'en ai jamais autant entendues. 
Et le mercredi, j'ai une nouvelle fois appris que je n'irai pas en cuisine le lendemain, car il y avait trop de monde en raison d'abandon de stages. On m'a donc donné un nouveau jeu de polycopiés sur les différents couteaux de cuisine que je devrai remplir pendant que les autres seraient en cuisine. Là, à part le couteau d'office ou l'économe, je ne connaissais pas grand chose. M'a t'on donné des livres ou une plateforme pour chercher les infos ? Non. 
Alors à quoi ça sert et surtout pourquoi venir une journée entière pour la passer devant des polycopiés ? "Parce que chez vous, si vous avez un accident, vous n'êtes pas couvert.". Ok, en vl'a une de bonne raison.
J'avais vu dans le contrat que j'avais dix jours pour me rétracter et je n'ai pas réfléchi longtemps :

-un groupe avec un faible niveau (mon voisin du mercredi ne savait pas multiplier par deux)
-un travail qu'ils nomment "en autonomie" mais que moi j'appelle plutôt "être livré à soi-même"
-très peu de pratique
-des cours en salle où on avance que très peu

Ma décision était prise : je me sauve.

Et vous savez ce qui m'a réellement décidée ? Oui parce que quand même j'ai hésité, je venais d'arriver, ok  je n'aurai pas d'affinités avec le groupe, mais encore je pouvais passer au dessus de ça. Eh bien ce qui m'a décidé, c'est qu'il y avait une femme qui était restée dans la salle pendant que les autres étaient partis en cuisine et donc je lui ai parlé un peu.

Je pensais qu'elle venait aussi d'intégrer et que comme moi, elle devait attendre un peu.
"En fait, non, je suis en remise à niveau français" m'a t-elle dit. 
Elle était au bout du rouleau (entrée début mars pour une fin de "formation" en décembre). Elle m'a demandé de l'aider. Oui, oui vous avez bien lu. Pas de l'aider à faire ses exercices mais de lui trouver une solution pour qu'elle puisse faire cette remise à niveau ailleurs. Parce que, elle aussi, est sur des polycopiés toute la journée, sans de véritable cours (avec une personne qui lui parle je veux dire) et qu'elle doit s'auto-corriger. 

J'étais sur le cul. Alors qu'elle parlait français correctement, elle était complètement perdue. Elle était sur des exercices au sujet du pluriel des noms et avait écrit "les animals". 
Je lui ai parlé du centre social de son quartier qui peut-être saurait où elle pouvait prendre des cours de français. Et surtout je lui ai dit d'appeler sa conseillère pôle emploi pour lui expliquer. "Prenez ces feuilles avec vous, montrez leur ce qu'on vous fait faire". Elle voulait me laisser son numéro de téléphone. Je ne pouvais pas faire plus pour elle, mais vraiment, je lui ai dit de ne pas avoir honte, de croire en elle et de ne pas se laisser faire.
Ok, un peu genre envolée lyrique mais sérieusement, comment c'est possible d'infliger ça à des personnes fragiles ?

J'ai écrit ma lettre de démission. J'ai expliqué mes raisons "ah oui mais il faut s'adapter au niveau de chacun. Ah oui mais les blagues de cul c'est dans toutes les formations". 

Je suis partie. Et j'ai tout déballé à ma conseillère pôle emploi "ah oui c'est vrai que c'est plutôt des formations réservées aux personnes qui sont très très éloignées de l'emploi, pas comme vous, quoi."
Et donc, elles sont loin de l'emploi et c'est ainsi qu'elles sont formées ? On marche carrément sur la tête, non ?
Je n'ai même pas le prénom de la dame en remise à niveau de français, mais j'ai parlé d'elle à ma conseillère et je pense que je ne suis pas prête de l'oublier.

Et maintenant alors ?

Je suis en train de me renseigner pour passer le CAP en candidat libre. J'ai déjà regardé pour les livres de référence et avec les conventions de stage de pôle emploi, je pourrai aller travailler chez des restaurateurs et/ou traiteur pour m'exercer.
Je ne m'attendais pas à devoir me prendre en main seule, mais je préfère ça avec ce que j'ai vu.

Si vous avez dans votre entourage des personnes qui ont passé le CAP cuisine en candidat libre, je veux bien des infos !

Et des milliards de bonnes ondes de motivation !

Commentaires

  • Moi je te dis bravo ! La pédégère droite dans ses bottes me semble bien en place et je sens dans ton billet une énergie qui fait du bien. Dommage que ce soit pour une cause désespérante, mais je choisis de voir le côté positif ;)
    Veux-tu que je pose la question dans les groupes d'instruction en famille ? Je sais que des "grands" passent des diplômes en candidat libre (d'ailleurs les miens passent le brevet ainsi cette année).

  • Hello, je vais d'abord défricher le terrain, et faire une liste de questions. Pour ne pas partir dans tous les sens mais en tous cas c'est très gentil ! Oui je suis assez motivée, j'espère tenir sur la durée.

  • Eh bé... Tu as 1 000 fois eu raison de te sauver !
    J'ai l'impression qu'avec le CPF, ça ne s'est pas arrangé... Les "organismes de formation" plus ou moins véreux doivent se faire beaucoup d'argent à peu de frais.
    J'espère que la "dame" de remise à niveau en français tombera enfin sur qqn de compétent...
    Ca me rend dingue, ce genre d'histoire. "Les gens éloignés de l'emploi", faut donc les laisser éloignés de l'emploi ? Car laisser un lourdaud faire des blagues de luc, c'est aussi lui faire courir le risque de se faire virer par la suite pour harcèlement, quelque part. En le recadrant dès la formation, il y a peut-être moyen de lui faire comprendre... (je suis une incorrigible optimiste).
    Je t'envoie toutes les bonnes ondes pour le passage du CAP en candidat libre !
    (Je ne sais pas non plus ce qu'est l'ail en chemise, mais au moins je ne suis pas prof

  • Eh bé... Tu as 1 000 fois eu raison de te sauver !
    J'ai l'impression qu'avec le CPF, ça ne s'est pas arrangé... Les "organismes de formation" plus ou moins véreux doivent se faire beaucoup d'argent à peu de frais.
    J'espère que la "dame" de remise à niveau en français tombera enfin sur qqn de compétent...
    Ca me rend dingue, ce genre d'histoire. "Les gens éloignés de l'emploi", faut donc les laisser éloignés de l'emploi ? Car laisser un lourdaud faire des blagues de luc, c'est aussi lui faire courir le risque de se faire virer par la suite pour harcèlement, quelque part. En le recadrant dès la formation, il y a peut-être moyen de lui faire comprendre... (je suis une incorrigible optimiste).
    Je t'envoie toutes les bonnes ondes pour le passage du CAP en candidat libre !
    (Je ne sais pas non plus ce qu'est l'ail en chemise, mais au moins je ne suis pas prof

  • Bravo Sabine ! J'aurais fait pareil dans une telle situation ... Il n'y a pas que le système scolaire qui débloque.
    Bon courage pour la suite et des millions de milliards de bonnes ondes de motivation.

  • Partir était effectivement la meilleure solution!! Quel scandale de ne pas mieux accompagner les personnes qui ont besoin de se remettre dans le bain ou de découvrir un nouveau métier! Au plaisir d'avoir la suite des nouvelles aventures!

  • Tu as eu raison,le but n'est pas de perdre son temps mais d'apprendre tu vas très bien t'en sortir et prendre de l'expérience et tes endives aux jambons n'en seront que meilleure !

  • C'est affligeant de voir ces organismes se faire du fric sur le dos de Pôle Emploi et des employeurs ! Je ne sais pas ce qui s'est passé avec le CPF mais des organismes de soi-disant formation ont vu le jour. Ils facturent des prestations hors de prix pour un service minimal ! Dernièrement, je cherchais une info sur la certification Voltaire (l'inscription à l'examen coûte 50 € et les entraînements environ 60 € sur internet). J'ai vu des organismes éligibles CPF proposer l'entraînement à 3 500 € !!!
    Tu as bien fait de te rétracter et tu seras mieux en candidat libre pour préparer ton CAP, surtout si tu as des contacts pour tes stages. Bon courage !

  • Comme c'est décevant... et révoltant ! Je suis bien certaine que tu vas réussir toute seule, je n'ai pas de doute là-dessus. Mais pour des personnes comme cette femme... c'est vraiment terrible et injuste. Est-ce que Pôle Emploi va réagir ? Bon courage pour la suite Sabine.

  • Quel beau projet ! Manifestement, la bonne solution était de partir, mais je suis sûre que ce CAP sera bientôt acquis, quelle que soit les modalités de passage, de formation. Beaucoup de bonnes ondes !!

  • O Pirée !!! T'as bien fait de te carapater ...les formations sont parfois plus que limites.
    Celles pour adultes de qualité sont rarissimes (au vue des écho de partout ). Alors imagine pour les personnes en situation de handicaps !!!
    Je connais une cop's qui à fait un CAP pâtisserie en candidature libre si ça peut t'éclairer .
    Je crois en Toi . Ondes en containers

  • Je suis effarée par ce que tu nous racontes. Quelle déception pour toi. je crois que roseandcook a passé le cap en candidat libre et qu’elle a même écrit des billets dessus. Bon courage en tout cas !

  • beaucoup de centres de formation ont ouvert mais ne sont pas controlés ils engrangent des sommes folles de l'état ,leur seul but est d'avoir des inscrits.
    je connais plusieurs jeunes adultes en échec scolaire qui enchainent ce genre de stage sans perspective d'avenir à la sortie
    pour le CAP cuisine je sais qu'il faut une liste de matériel importante
    bonne chance

  • tu peux contacter Pascale Weeks (scally sur instagram) elle a passé le CAP en candidat libre il y a quelques années.

    Plein de courage !

  • Coucou,

    Et bien, je ne suis clairement pas étonnée ! Vraiment !

    J'ai décidé de faire une reconversion et j'ai fait confiance à Pôle Emploi qui m'a placé dans une formation Développeur Web (c'est ce que je voulais faire). La formation n'avait ni queue ni tête ! Le formateur n'était formateur que de nom, aucune pédagogie, aucun programme, pas assez de giga pour se connecter à Internet ! Autant te dire que j'en suis partie, sortie par la région. Ceux qui sont restés n'ont d'ailleurs pas eu le diplôme (forcément).

    Malgré tout, ils ont de nouveau été renouvelés pour cette formation, aberrants !

    Et moi, j'ai dû me financer une vraie formation seule, car "vous avez déjà été financé une fois", pour une formation qui ne valait clairement pas son prix !

    Maintenant, que j'ai eu le diplôme, on est à des années-lumières de ce qu'on nous a vendu en termes d'emploi, surtout en tant que femme dans la tech !

    Donc c'est une galère sans nom !

    En parlant CAP, ma mère a passé son CAP cuisine en étant déjà en poste en collectivité, elle l'a eu donc tu peux le faire également.

    Belle journée,
    Laura - Happy Lobster

  • Bjr,
    Certains organismes de formation font n' importe quoi.
    J' ai été formatrice plusieurs années auprès de CAP cuisine. Si tu veux des infos, n' hésites pas à m' envoyer un mail.
    Le niveau n' est pas très élevé. Le passer en candidat libre est faisable, largement faisable pour les parties théoriques, mais plus difficile pour la pratique, car tu ne connaîtras pas la cuisine avt les exams et certains evaluateurs n' aiment pas trop les candidats libres.
    Pour les stages, effectivement bcp de restos ne prennent des stagiaires que pour avoir du personnel quasi gratuit. Il n' y a pfs aucun apprentissage et les tâches sont les découpes de légumes ou autres joyeusetés et la plonge. Le milieu de la restauration est difficile pour tous... sinon il y a la restauration collective, c' est plus facile mais le travail y est différent.
    N' hésites pas si besoin!
    Bon we!

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