Souvent, habiter la campagne me casse bien les pieds (pour rester polie, comme à mon habitude).
Mais, il faut bien reconnaître que pour mes petits associés (oui, parce qu'à l'adolescence ce sera moins facile, je sais de quoi je cause), c'est juste du bonheur.
Derrière notre maison, dans le jardin, il y a la maison d'Orphise, du nom de sa propriétaire il y a presque 90 ans. Assez délabrée mais pas dangereuse, les associés en ont fait leur repaire : salon avec un vieux canapé, table basse dégueu, salle à manger avec les bancs du jardin et vas-y que ça cuisine de la soupe aux herbes et des apéros à base de cailloux (les glaçons).
C'est une maison rouge adossée au rosier
Ils peuvent y passer des journées entières.
Régulièrement, je cherche une spatule, une casserole, de la vaisselle et les retrouve chez Orphise.
Je râle mollement, je sais le bonheur que c'est d'avoir un lieu comme ça quand on est enfant. Un endroit où l'on crée son monde, où on imite Papa et Maman, où c'est sa loi et ses règles de vie qui prévalent.
Un lieu qu'on range et qu'on nettoie dix fois plus que sa chambre. Un lieu où on ne s'embrouille pas avec ses frères et soeur, trop occupé à s'inventer des histoires.
Et il y a aussi tout l'héritage de bricoles plus ou moins grandes qui restent à la ferme, de génération en génération.
Comme la chariotte.
Leur Grand-père y attelait un âne quand il avait l'âge des associés et partageait des fous rires avec ses frangins.
Mes associés, n'ont pas d'âne et pour l'atteler au poney il faudrait la restaurer, il faudrait que Grand Mari dresse le poney…
Bref, mes associés, sont comme tous les enfants, ils ont trouvé une solution pour utiliser la chariotte.
Un genre de rickshaw de cambrousse, où seul Milou peut-être transporté (encore un avantage d'être "le petit dernier"), customisé avec goût : vieilles sacoches du vélo motobécane, casque de moto, vieux fusil (hors d'usage, je vous rassure) trouvé dans les champs, bombe d'équitation.
Quand il conduit la chariotte, Pierrafeu chausse les vieilles bottines de sa soeur, "ça fait plus vrai".
C'est ça la vraie vie de mes associés.