La semaine dernière, je suis allée à la réunion organisée par les enseignants et le syndicat scolaire au sujet des nouveaux rythmes scolaires à la rentrée de septembre.
Je ne m'y suis pas rendu à reculons, bien au contraire, j'avais hâte de savoir comment notre regroupement scolaire allait faire pour se dépatouiller avec cette réforme et ce qu'allaient devenir mes enfants et ma santé mentale à partir de septembre 2014.
Alors déjà, je vous plante le décor :
le regroupement scolaire : trois villages dans ce regroupement : A, B et C.
A : une classe de CM1/CM2 : un instituteur.
B : trois classes : une de petits/moyens maternelle, une de moyens/grands maternelle, une de CP/CE1, trois instituteurs en tout.
C : une classe de CE1/CE2 : un instituteur.
Pour relier les écoles de ce village, le ramassage scolaire passe dans les trois communes. Il faut compter à peu près (avec les arrêts dans chaque école) 25 mn pour relier les 7 km entre A et C.
Par exemple, Zorro qui vit dans le village C et est scolarisé dans le village A, rentre vers 17 h à la maison (ils sortent à 16h35 dans le village A) tout comme Milou et Rosette qui sont scolarisés dans le village B, ils sortent à 16h30 et le bus les prend puis va vers le village A et revient vers C, dernier village à être desservi.
La cantine et la garderie sont dans le village B. Donc les enfants scolarisés dans les autres villages doivent prendre le bus le midi et le soir pour rejoindre la cantine et la garderie.
Là, tu te dis, purée sympa, ça en fait des trucs à retenir pour les associés.
C'est vrai. mais la gymnastique est vite faite, le regroupement concerne une petite centaine d'enfants et chaque élève est connu de tous les membres du personnel encadrant. La majorité des enfants sont du village B, ce qui ne fait plus qu'une cinquantaine d'enfants prenant le bus.
La "dame du bus" connait presque tous les emplois du temps des enfants, par exemple, elle sait que le mardi soir, les associés ne reprennent pas le bus mais vont chez leur grands-parents qui vivent dans le village B.
Maintenant la réforme.
Les enfants garderont les mêmes horaires : 8h30-11h30 le matin, les deux heures du midi mais termineront à 15h45.
Comme les TAP (temps activités périscolaires) ne sont pas obligatoires pour les enfants, le ramassage scolaire ne peut pas se faire après les TAP, sinon les parents qui ne veulent pas que leurs enfants aillent aux TAP devraient venir les chercher à l'école et parfois ils n'ont pas de moyen de transport ou même pas de permis.
Donc les TAP ne peuvent pas se faire dans les classes (et donc par âge) mais se feront par village d'habitation.
Par exemple pour mes associés, ils reviendront tous au village C pour leur TAP.
Ils seront donc dans un groupe d'enfants âgés de 3 à 10 ans. Ahemmmm.
Ensuite certains enfants habitent le village C mais la nounou est dans le village B et l'enfant est scolarisé dans le village A. Comment fait-on???? Finalement il a été décidé que les élèves gardés iraient en TAP là où vit leur nourrice.
Pareil pour les enfants qui vont à la garderie (ouverte jusqu'à 18h30), même s'ils vivent dans le village A ou C, ils suivront leur TAP dans le village B pour aller à la garderie après 17h15, fin du TAP.
Vous êtes perdus? Moi aussi.
Ce que je sais :
-les associés iront en activité les lundis et jeudis ( ce sera 2 x 1H30 par semaine pour chaque village à des jours différents sauf le vendredi soir)
-qu'ils rentreront donc à la maison à :
>17h15 le lundi (on habite à 50 mètres de la salle de classe et de la salle communale),
>à 15h50 le mardi pour Rosette et Pierrafeu qui seront tous deux en CE2 dans notre village en 2014 et à 16h10 pour Milou et Zorro,
>à 11H30 le mercredi pour Rosette et Pierrafeu et à 11h55 pour Milou et Zorro,
>à 17h15 le jeudi
> à 15h50 le vendredi pour Pierrafeu et Rosette et à 16h10 pour Milou et Zorro.
-Il a été décidé de mettre 1h30 d'activité et pas 45 mn chaque soir car avec le temps de trajet, par exemple, Milou et Zorro seraient arrivés en activité à 16h10 pour une fin à 16h15.
-pour l'instant le centre social de la petite ville d'à côté (qui s'occupera de la gestion et de l'animation des TAP) ne sait pas combien d'enfants vont s'inscrire dans chaque commune (et le centre social ne maîtrise pas non plus le nombre d'enfants gardés en nourrice hors de leur commune d'origine.)
-nous avons jusqu'au 2 juin pour inscrire les enfants pour le 1er trimestre de TAP, sans savoir quelles activités leur seront proposées.
-le nombre d'animateurs tiendra compte du nombre d'enfants et que par conséquent il y aura des groupes par âge ou pas.
-pour l'instant les activités envisagées sont : jardinage, travaux manuels, initiation au sport.
-les moyens humains qualifiés ne courent pas la campagne (forcément)
-les associés seront crevés après les jours où ils ont TAP et qu'aucune plage horaire n'est prévue pour leurs devoirs. Devoirs à faire après, youpi. J'en ai parlé aux instits en direct à la réunion.
-mes journées de travail seront encore plus courtes qu'avant.
-les rares nourrices vont être prises d'assaut.
-le syndicat a retourné le problème dans tous les sens et que chacun doit faire un effort.
Pour conclure ce billet que personne ne lira certainement jusqu'au bout tellement c'est compliqué: mettre en place de tels changements alors que ni les instituteurs, ni les syndicats scolaires, ni les parents n'ont été consultés c'est vraiment gonflé et irrespectueux.
Les écoles privées sous contrat ne sont pas obligées de passer aux nouveaux rythmes scolaires c'est du foutage de gueule vis-à-vis de l'école publique.
Les grandes villes rencontrent des difficultés à trouver des locaux et des moyens humains, alors imaginez ce qu'il en est à la campagne. Le prof d'anglais ou le prof de musique sont à des années lumière de notre cambrousse.
En gros, le Ministère de l'éducation souhaitait que cette réforme favorise le bien être de l'enfant, le mettant au centre des préoccupations éducatives, veillant à respecter son rythme.
Bien, très bien. Mais pourquoi aussi vite? Pourquoi en ne tenant pas compte des différences ville/campagne? Sans se préoccuper des moyens humains (et de leur formation) pour encadrer des activités, sans se préoccuper des modes de gardes pour cette journée plus courtes.
Bref nous Peillon.
PS : sur Facebook, certains m'ont déjà dit que leur commune boycotte les nouveaux rythmes. Nous ne pouvons pas nous le permettre, l'académie n'attend que ça pour fermer le regroupement.
Et moi, sincèrement je crois que les écoles mettent de la vie dans les villages.
Edit du 27 mai : je n'ai pas abordé les coûts pour les communes et le syndicat. Nous ne savons pas encore précisément ce que ça coutera et quelles seront les répercussions. Les TAP seront gratuits pour les enfants. Le président du syndicat a juste parlé (avec un air dépité) d'un montant très élevé et de la difficulté de régler cette somme.
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