La mère au-dessus

Eh! C'est moi votre Pédégère! Je n'ai pas encore envoyé de carte postale de mes vacances, mais elle est en chemin (dans ma tête) et sera postée très bientôt ici.
Aujourd'hui je viens juste faire un petit saut sur le blog parce que cet été j'ai vu fleurir les mères parfaites sur les réseaux sociaux (et ailleurs aussi) et elles m'ont un peu empêché de dormir.

 

Certains la voient comme celle servant au goûter des gâteaux maison sur une sweet table dressée différemment chaque jour. Sa maison est bien décorée et bien rangée, elle ne semble pas crier sur ses associés et poste des photos de bouille pleine de chocolat, de sourires. Ses associés ont l'air de passer leur journée dehors, vêtus simplement (bien que tout soit tendance), ils rient avec elle, elle joue avec eux, y trouvant du plaisir.

Elle se régale de ces longues journées d'été qui lui "permettent de profiter de ses enfants", de "passer du temps avec eux", de "casser la routine, lâcher prise".

Alors, je ne vais pas vous le cacher, moi des fois ces photos là me foutent bien les boulettes.

Moi, cet été je l'ai trouvé méga long. Très difficile, épuisant.

A moins d'une semaine de la rentrée, je suis sur les rotules, comptant dès la fin de mâtinée le temps qu'il me reste avant que les associés n'aillent au lit. Très loin de ces images que je fais défiler sur Instagram ou de ces articles que lis ici ou là.

Pour autant, je ne considère en rien ces mères comme parfaites.

Je sais très bien que hors du cadre de la photo, le panier de linge dégueule.

Comme chez moi.

Et je sais aussi que même si leur vie est exactement aussi douce et rangée que sur la photo, elles ne sont pas pour autant parfaites, car comme le prince charmant, les mères parfaites n'existent pas.
Tous les associés de la terre sont pénibles. A un moment ou à un autre, leurs enfants en ont peut-être ras-le-bol de leur gâteau au yaourt et rêvent de se baffrer de Savane aux deux chocolat arrosé de soda. Ils salivent devant les cordons bleus du Père Dodu. Et font donc la tronche comme les miens.

Je veux dire par là qu'on a la mère parfaite que l'on mérite. Et pour moi ces mères là sont simplement des mères qui s'éclatent dans ce qu'elles aiment faire, elles le partagent avec leurs enfants. A chacune sa vision "douce" de la maternité.

Moi, la douceur des journées serait de moins crier. Moins fort surtout.

Pas les gâteaux maison posés sur une table en bois sans toile cirée dégueulasse avec le petit bouquet de fleurs des champs au centre.

Pourtant j'en ai vu plein cet été, des mères parfaites.

Enfin, non pas des parfaites mais des "au-dessus" comme je les appelle.

Les réseaux sociaux sont leur terrain de jeux. Elles y partagent des statuts forts en gueule et scandalisés.

Elles se sentent "au-dessus" du lot des parents merdiques et le font pleinement font savoir. Elles disent tout haut ce qu'elles pensent de l'éducation d'un enfant qu'elles ont croisé 1mn30 au supermarché. Il pleurait et sa mère lui criait dessus, "alors que ça n'arrange rien dans cette situation". En direct, elles partagent leur opinion "Ah bah voilà, ils le gavent de bonbons pour qu'il se tienne tranquille dans le train. Alors que le sucre ça excite!"

Elles sont outrées que le parent merdique de base trouve les vacances d'été trop longues.

Elles ont avis sur tout. Sur toi, tes enfants, même si tu leur as rien demandé. Surtout si tu ne leur as rien demandé.

Comme cette mère "au-dessus" qui a commenté d'un " Pitié, je n'ai jamais rien noté... Elles ont survécu et je n'ai jamais confondu l'une avec l'autre #quellegalere" quand j'ai posté cette photo avec comme légende : "parents de jumeaux ça ne vous rappelle rien?"

Cette mère au-dessus ne m'a pas dit "ah tiens c'est marrant je ne l'ai jamais fait moi", non, elle m'a demandé pitié! Elle ne m'a pas dit "ah tiens c'est marrant, je ne l'ai jamais fait, je m'en sortais sans", non, elle m'a jugée d'un "quelle galère". Moi la mère en-dessous, je me suis ajoutée de la galère à l'arrivée de mes jumeaux. Et peut-être même que je les ai confondus!

Elle est certaine qu'elle a fait mieux que moi.

Je suis consciente que cette remarque n'était pas bien méchante mais elle était l'illustration parfaite de ce que je ressens depuis longtemps. Au lieu d'avoir de l'empathie, de la compassion ou tout simplement parfois un peu d'humour, on écrase l'autre mère. Pas forcément très fort, elle respire encore très bien.

Mais elle a mal au cœur.

{Petite précision : je n'ai absolument rien contre les belles photos, les beaux gâteaux et autres moments de bonheur partagés. Je crois que je me suis mal exprimée, comme certains commentaires m'en donnent l'impression}