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Mes associés ne sont pas des veaux!

Aujourd'hui c'est un grand coup de meuuuh que j'ai envie de meugler.

Dernièrement, j'ai lu plusieurs fois (sur des supports différents : blogs, article de magazine...)  qu’élever ses enfants, surtout s'ils sont nombreux, est plus facile à la campagne.

Et j'ai bien ri. Vert comme l'herbe de mon jardin pâture.

Ah ça, il a la vie dure ce cliché bien-être/bonheur de la vie à la campagne avec des enfants.

Effectivement ici on a plus de place qu'à Paris ou tout autre grande ville. Les enfants ont de grandes chambres (mais Pierrafeu et Milou partagent la même, je me demande si on est pas des campagnards ratés quand même) pour bien claquer leur chantier dans chacune d'entre elles, on a une grande cuisine où je prépare de délicieux repas pas bio et on a un jardin grand comme une pâture où les associés font de la balançoire sans faire la queue (mais se tapent quand même sur la tronche pour savoir qui aura la balancelle), un trampoline sur lequel ils jouent au foot tellement il est grand, des balles de paille où il leur est interdit de grimper (mais où ils grimpent quand même donc), l'atelier de Papa où ils n'ont pas le droit d'aller (mais où ils vont quand même)....

Oui je sais, la campagne quand on a des enfants (plus ou moins nombreux) ça semble idyllique. D'ailleurs beaucoup de citadins quittent les trottoirs en macadam pour les bas-côtés enherbés, la joie au cœur.

Ils se voient déjà cultiver leur propre potager et devant le boulot, filent à l'AMAP du coin dès leur 2e année campagnarde. Récemment j'ai eu à ce sujet "Ah? Tu prends un panier dans une AMAP? Pourquoi tu ne cultives pas ton propre potager avec tout l'espace que t'as?"

AHAAHAAHA (rire vert). Parce que je vis à la campagne et que j'ai l'espace, j'ai donc forcément plus le temps que toi, ma consœur de la ville?

Parce que moi les gars-qui-trouvent-que-j-ai-plus-de-chance-qu-eux de vivre ici et pas dans leur ville, je vous dis, mais venez! Ne vous gênez pas! Venez repeupler notre village de 200 âmes. Ça fera peut-être revenir un commerce dans mon bled. Car ici si t'as pas de voiture t'es mort (me parle pas du vélo, j'ai déjà pas le temps pour le potager je te rappelle) : boulangerie, supermarché, AMAP, Doc, pharmacie, collège et école sont à 5km. Les activités des associés, les spécialistes médicaux, le ciné, la salle de spectacle ... sont à 20km.

Rien, on a rien. Même pas une asso. Heureusement on a un regroupement scolaire avec le ramassage en bus, ça me sauve de quelques trajets supplémentaires.

Il y a aussi mon isolement de plus en plus important. Ce n'est pas un village de jeunes trentenaires/quarantenaires avec des enfants de l'âge de ceux des associés... pour le boulot, j'ai dû aller le chercher à 1h de trajet en voiture.

Puis j'ai mis sur pied une petite activité de chez moi... où le débit internet n'est pas toujours au top (la fibre? tu parles de la fibre maternelle là?) et où tu peux faire une croix sur la télé par internet et Netflix.

Encore j'ai de la chance d'être assez près d'une ville moyenne (60 000 habitants) même si la programmation culturelle ou celle du ciné laissent à désirer.

Mais il y a aussi des pépites comme le concert de La Grande Sophie ou celui de Thomas Fersen dans une salle de 200 personnes. Cette salle est d'ailleurs menacée, la culture, tu comprends c'est pas la priorité quand tu vis dans la partie la plus pauvre de ton département.

Et plus mes associés filent vers l'adolescence plus ça devient compliqué : les activités plus loin, les potes qu'ils ont envie de voir (et le vélo c'est no way vu les chauffards sur nos routes étroites)...

Voilà mes associés sont très heureux de vivre dans leur petit village mais ils ne sont pas des veaux et ont besoin d'un peu plus que de l'espace et de l'air frais.

Chacun a les difficultés et les avantages de son lieu de vie, ville ou campagne.

Commentaires

  • C'est une réalité dont les citadin·e·s n'ont pas conscience. En ville, tout est à portée de main, les magasins sont ouverts jusqu'à 20 h et même le dimanche matin. Tu trouveras toujours un "arabe du coin" ouvert les jours et heures où les autres sont fermés. Mais la ruralité a un autre visage que tu décris très bien. Le taux de chômage des femmes on en parle ? Les problèmes de mobilité ? L'accès aux banques qui n'ouvrent que quelques heures dans la semaine ? Le bureau de poste qui ferme ? Le petit commerce du village qui n'a plus les moyens de subvenir à ses besoins, met la clé sous la porte et oblige les personnes à se rendre dans le village voisin ou encore plus loin pour acheter du pain et le journal... Et quand tu as des enfants, il vaut mieux être véhiculée et ne pas travailler en horaires décalés...
    Alors oui, l'image idyllique de la campagne mérite bien un billet pour casser tous ces clichés.

  • C'est tellement bien, la campagne avec des gosses, que nous on s'est barré en ville quelque temps. Certes, on n'a plus "que" 78m² pour 5 et les 3 crapouillots sont dans la même chambre, mais TOUT est accessible dans un rayon de 5km max.
    Quand je rentre à la maison en Bretagne et que je dois faire 25 bornes pour emmener la petite à la danse ou 50 km AR pour emmener les gars au BMX, je me dis que la ville a quand même beaucoup d'avantage... Même si bien sûr on aime notre vie campagnarde qu'on retrouvera bientôt. Faut arrêter de croire que tout est parfait, ton billet lui l'est!

  • Il est très intéressant ton article. Moi, je suis citadine, après avoir grandi à la campagne (bien profonde la campagne) et c'est quelques fois très dur pour moi.
    Les embouteillages, la pollution, le manque d'espace, et surtout des gens tout le temps, partout (à la piscine, la bibliothèque, dans les restos, les cafés, les squares ...). Alors, souvent, j'envie ceux qui vivent dans des petits villages. Alors ton billet me remets les pendules à l'heure, en me rappelant que tout n'est pas rose au vert. En fait, cela m'interpelle vraiment sur l'organisation du travail dans notre société. Car clairement, si on ne déménage pas, c'est parce que ce n'est pas évident vu nos jobs de trouver hors des grosses villes. Mais on pourrait organiser le travail autrement. Personnellement, je pourrai tout à fait être en télé travail 3 jours par semaine. Et si c'était le cas, je pourrai habiter à une ou deux heures de route de mon boulot, dans un petit village. J’espère de tout mon cœur que notre société saura bouger sur ces sujets. A mon tout petit niveau je m'y emploie, mais que nos patrons sont frileux !!

  • Je connais tout ca pour avoir été élevée à la campagne et y être installée maintenant moi même. 1h pour aller au boulot, les activités loins, les supermarchés aussi...
    Pour nous donner un peu de liberte, mes parents nous ont offert à mes freres et moi, chacun à notre tour, une vieille mobilette... C'était extra.
    La question est : aurais-je le courage de faire pareil avec mes filles dans 5 ans avec les fous du volants qui trainent partout...

  • Vous résumez très bien la situation, Merci! Pour ma part, nous habitons dans une petite ville de moins de 2000 habitants (donc un village) avec nos 4 garçons. Nous avons donc les commerces principaux et les écoles à porté de main. Mais pour ce qui est du reste, tout est loin, au mieux 25km. Et surtout la population est principalement agée, alors la vie locale n'est pas très active, c'est un peu déprimant parfois. Les enfants grandissants on aimerait se raprocher d'une "ville" plus dynamique avec un lycée et des activités sympa. Mais bon, il faut voir le bon côté des choses, c'est sympa de courrir au milieu des prés.

  • L'adolescence à la campagne (plus de veaux que d'habitants) j'ai connu ... ça paraît mortel quand on le vit. Avec du recul finalement je pense que c'était mieux qu'en ville. Mes Ados qui grandissent en ville trouvent ça chouette la campagne de leurs grands-parents. Certainement parce qu'ils y vont uniquement pour les vacances.

    Ma mère voit des chanteurs sympas dans la petite salle de Chauny ;) Dernièrement elle a vu Amir et elle était quasi au 1er rang.

  • Ha ! Je me sentais un peu seule dans mon envie de civilisation !
    Ici c'est 4 enfants de moins de 8 ans,village de 200 habitants (super agréable mais avec QUE une machine à pain) et ville avec tout ou presque à 6min en voiture.
    C'est pas la grosse galère mais on prend la voiture constamment pour l'école / la moindre course / les activités extra-scolaires...et avec 4 minus ça se multiplie à l'infini.
    On a une belle maison mais je souhaite que mes enfants puissent être plus indépendant à l'avenir. Allez au collège à pieds,prendre le train....
    Bref l'ensemble de mon entourage (et mon mari un peu aussi...)ne comprend pas mon envie de perdre des m2 et des impôts locaux "si bas" pour quelques minutes de voiture...
    Là je me sens moins seule (et moins folle)
    Merci !

  • hier soir j'ai lu votre article (grâce à Zaza ) où je me suis aussi très bien reconnue
    (merci de rétablir quelques vérités :o)
    et pensais le faire suivre aussi

    et le soir la voiture de mon mari a rencontré un sanglier

    marrant '(enfin pas vraiment ) mais j'ai repensé à l'article sur place
    une autre joie de la campagne !!

    bonne journée (je ferai suivre quand même mais auj un peu occupée du coup !!)

  • Merci! Merci de dire ce qu'est le quotidien à la campagne. Peu s'en rendent réellement compte. En plus des activités lointaines, de prendre la voiture au moindre rendez-vous, il y a aussi, quand tu as un gamin différent, la galère à le scolariser. Quand l'école du village, à 30m de chez toi fait la sourde oreille, que tu décides, contre mauvaise fortune bon cœur, de les scolariser dans le privé (parce que forcément, si t'en enlèves une, faut enlever l'autre), c'est 50 bornes AR matin ET soir (parce que bien sur, il n'y a qu'un bus, celui des lycéens et le but de ma primaire n'est pas d'adopter déjà ses horaires là, à savoir 7h04-18h34; ma 6ème se lève à 05h30 et ça me met le cœur en vrac). 2 ans que nous menons ce rythme de dingue, 2 ans que je peste vers qui m'écoute mais quand je côtoie la "moyenne" ville, le WE, lors de visites ou achats non réalisables ici, je me dis que non, je ne pourrais plus y vivre. Mais dans tout ça, le rêve de Maman de reprendre la fac pour faire son master ben... il passe au dernier plan et attendra l'entrée en 6ème de la dernière, mes quasi-40 ans et pfff quoi.

  • Merci Sabine !!!!

    Tu décris exactement notre quotidien et encore ici les associés sont petits et nous avons la chance d'avoir quelques commerces et l'école jusqu'au primaire mais sans voiture on est mort !!!!
    Mon mari travaille à 45 min de la maison et moi à 1h30 aller bien entendu.

  • J'ai grandi dans cette campagne là, et je souris aussi à l'idéalisation de la vie à la campagne, alors qu'en fait la voiture y rythme les journées... Je me souviens, à l'adolescence, de mon envie d'en partir dès que ce serait possible, de cette impression que rien ne se passerait ici alors qu'il se passait tant de choses ailleurs... Aujourd'hui, j'adore y revenir, profiter de l'espace et du calme, mais je sais que ce serait difficile pour moi d'y habiter à nouveau... J'habite au centre d'une ville moyenne, j'ai le luxe d'avoir pu faire le choix de ne pas avoir de voiture, je peux en revenant du boulot, en descendant de mon train, passer chez le boucher ou le poissonnier, récupérer mon fils à l'école, acheter le cahier qui manque, et même prendre un verre en terrasse si par hasard il fait beau... Je sais qu'il me manquera toujours, quand même, de pouvoir sortir de chez moi en pyjama puisque personne ne me voit (oui oui on fait ça chez mes parents :-) ), de sortir un soir d'été écouter le silence de la nuit... mais au quotidien, la ville facilite la vie...
    Cela dit, la campagne m'a aussi apporté une indépendance que je n'aurais pas eu aussi vite si mes parents habitaient en ville : l'internat au lycée que j'ai adoré (pour la première fois de ma vie, je suis allée au théâtre le soir, au ciné, puisqu'on avait le droit d'y aller en groupe accompagné d'un surveillant) et des amitiés que j'ai gardées encore aujourd'hui, puis après le bac, forcément, la chambre d'étudiante et la liberté... Tout dépend sans doute aussi du caractère de chacun (mon frère a détesté être obligé de partir... et est finalement resté à la campagne...)
    Parfois, quand on passe un dimanche au soleil chez mes parents, que les joues de mes enfants redeviennent enfin rouges après un après midi de jeux extérieurs, je me dis que c'est quand même bien pour des enfants cet espace, ces jeux loin de la tablette et de la télé... Mais il n'y a pas de situation parfaite...

  • Je te reçois 5 sur 5 !
    Nous habitons un "entre deux", village proche d'une petite ville (7500 hbts). Les contraintes sont différentes en ville ou en campagne mais les clichés ont la vie dure ma brave dame !!
    Dis donc t'as de la place tu pourrais élever des cygnes non ? Ou des furets tiens, plein plein pour faire zizir à Miss Canote ;-)
    Des bisous

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