Au retour du collège...

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Voilà maintenant trois semaines que Rosette et Pierrafeu sont entrés en 6^e et Zorro en 4^e. Trois semaines que mes soirées (et parfois elles débutent dès 15h30) sont souvent proches de l’enfer. Eh ouais, pas moins. Et vraiment, je vais tout faire pour être la plus sage possible parce que si c’est vraiment ça l’enfer, j’ai pas envie d’y retourner (même morte) !

En fait je ne sais pas comment vous raconter ce que je vis. Je sais juste que je suis usée, que j’ai sommé Grand Mari d’être un peu plus présent le soir mais bon ça marche moyen genre je l’appelle à 17h15 (déjà à bout de nerfs) et il me dit « j’arrive » pour rentrer à 19h30.

Sans entrer dans les détails, les troubles dys de Pierrafeu lui demandent beaucoup d’efforts en journée et le soir, il n’a pas du tout envie de se remettre au boulot. Et donc chaque fin de journée (et il arrive qu’il rentre à 15H30, car fin des cours), je récupère un bientôt 11 ans, crevé et gravement frustré qui me mène la vie dure dès la porte d’entrée franchie. En gros, j’ai déjà tout essayé, le laisser s’amuser avant de travailler avec lui, le faire travailler tout de suite, le laisser travailler tout seul… Rien ne fonctionne, lui ne veut pas faire ses devoirs mais il sait qu’il doit les faire, alors ça le rend dingue. Il crie, hurle, se roule par terre quelquefois, me provoque, me dit « ok » et prend 30 min pour sortir sa trousse et le bon cahier.

En début d’année, j’ai fait le point avec sa prof principale sur la mise en place d’aménagements pour toutes les matières. Elle est prof d’anglais, et l’anglais est une des matières les plus compliquées pour les enfants dyslexiques. Elle ne tient jamais en compte l’orthographe des mots par exemple quand il est évalué à l’écrit.
Et j’ai remarqué que la prof de français fait de même.

Bref les profs semblent aller dans le bon sens des aménagements mais il doit encore aller lui même photocopier les cours de sa pote pendant les pauses (la secrétaire le fait pour lui, il revient chercher le cahier et les photocopies après). Ce qui le marginalise un peu. Heureusement leur collège utilise Pronote, une interface où l’on peut voir en ligne, les emplois du temps, les devoirs, les notes et communiquer avec les profs par messagerie. Pronote me sauve la vie, Pierrafeu a beaucoup de mal à noter ses devoirs (enfin il n’a juste pas le temps) et aussi je peux y retrouver certains cours et docs de travail déposés par les profs sans faire la chasse aux infos à coup de sms et de photo des cours que je recopie ensuite moi-même.

Pierrafeu n’accepte toujours pas cette situation « pourquoi je ne suis pas comme les autres ? ». Ben, oui pourquoi ? J’ai beau lui expliquer que les différences sont partout (quelqu’un de très myope est handicapé aussi par exemple) et que ce n’est pas un problème d’intelligence ou de compréhension de sa part. Mais il reste rongé par ce sentiment d’injustice et termine souvent par « je suis bête de toutes façons ». Et ne veut pour l’instant pas entendre parler de l’utilisation de l’ordi en classe.

Et moi je suis sa mère, pas sa psy. Je suis aussi son punching-ball émotionnel.

Dès le matin, j’en prends plein les dents. Pas le bon pantalon, des cheveux qui rebiquent et c’est le drame.

Je suis sa mère et je suis la mère de ses trois frères et sœur aussi. Rosette et Zorro sont très autonomes mais Rosette demande quand même de l’attention et ce n’est pas rare que je lui dise « écoute, on voit ça après ». J’ai limite les larmes aux yeux en l’écrivant, parce qu’après je n’ai plus aucune énergie. Je suis aussi vidée qu’une truite prête à griller.

Et puis bon, je vous passe sur l’ambiance pesante à la maison, chacun pâtit de cette situation. Et puis il y a Milou aussi, en Ce2 très lent pour son travail qui suit des séances d’orthophonie, le diagnostic de la dyslexie n’est pas encore posé, je garde espoir.

Certains jours, je ne suis pas loin de baisser les bras. Mais je ne le fais jamais. J’ai beau me dire « eh ben tant pis, ça passera ou ça cassera » je ne lâche jamais. Je passe des heures sur des sites spécialisés, je fais partie de groupes facebook d’aide aux parents d’enfants dys, mais je sors parfois complètement angoissée de ces consultations.

Je m’interroge, je me dis que j’ai tout faux. Comment encourager, motiver quand moi-même je ne sais plus?

J’ai l’impression que jamais on n’y arrivera. Il ne rentre pas dans cette case là.

En fait ses « soucis » de dyslexie et dysorthographie parviennent à occulter que mes trois collégiens ont quand même fait une bonne rentrée, leurs premières évaluations sont bonnes et qu’ils se sont inscrits l’un en atelier théâtre, l’autre à l’UNSS, l’autre à une asso humanitaire. Qu’ils ont des copains, que Pierafeu ne se laisse pas faire quand on l’attaque sur ses cheveux roux, et même qu’il peut compter sur le renfort de son frère et de sa sœur.

Même si rien n’est grave, je suis fatiguée.

Je vous invite à lire ce billet de Rita le Chat au sujet des troubles dys chez les enfants, il est bien moins larmoyant que le mien et raconte bien le combat mené.

J'ai écrit ce billet avant le retour d'école des associés. ce soir Pierrafeu avait un devoir de maths. Mais pas la leçon "elle diffuse la leçon au rétroprojecteur et ça va trop vite pour moi". Rien sur l'ENT. Merci les internets et Zorro. Je m'en vais donc me fendre un mail à la prof de maths. Sinon cette soirée s'est bien passée, ouf!

Suite : en allant sur l'ENT, je découvre un message de la prof de maths :

Bonjour.

 

Je voulais vous prévenir que la semaine dernière nous avons fait une évaluation en Mathématiques. J'avais préparé un devoir adapté pour Pierrafeu (écrit en plus grand, moins de questions et moins d'écriture). Il a refusé de le prendre, il a donc fait la même évaluation que les autres.

En ce qui concerne les leçons, je les copie au tableau ou je les projette et les élèves doivent les copier sur leur cahier. La semaine dernière j'ai proposé à Pierrafeu une photocopie de mon cours (tapé à l'ordinateur), il a refusé.

Comment faire pour l'aider alors qu'il refuse toutes mes aides? De plus pendant ce temps il n'a pas la deuxième leçon dans son cahier.

 

Cordialement.

 

Melle Prof de maths

 

 

Voilà où j'en suis.

PS : ne m'en veuillez pas si je ne réponds pas aux commentaires de chacun. Je n'ai plus le temps et puis certaines questions resteront peut-être sans réponse car trop intimes. Et puis ici j'ai vidé mon sac et voilà.