J'ose pas

Je ne suis pas une fille timide. Plutôt sociable, je suis bavarde et peux paraître (un peu) expansive aux yeux de certaines personnes. Oui carrément relou aussi.

Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est une façade, pourtant derrière cette fille qui semble sûre d'elle il y a un château de cartes qui s'effondre au moindre petit obstacle.

 

Le manque de confiance en soi, en moi donc. La sensation d'imposture. La dévalorisation.

Ah, ça je ne suis pas tendre avec moi. Une fois par mois (ou tous les deux mois), je me trouve quand même "assez géniale et puis quand même j'en ai fait des trucs. Et presque toute seule en plus".

Et le lendemain je me gave de chips. Parce que ma vie professionnelle est ratée alors autant être encore plus grosse, ça achèvera le tableau.

Et au final, je suis immobile.

Putain c'est gai, ici! Tu m'en veux pas d'être mon psy?

Non.

Ok, alors je continue.

Je te dis pas combien de bouquins j'ai lu pour me sortir le cul des chips : sur réussir sa vie professionnelle, sur le virage du milieu de vie (super sympa de savoir qu'en fait tu vas bientôt mourir), sur le rangement (alors que moi j'ai déjà mon condemari qui jette tout), sur les relations frères/sœurs (alors que des frères et sœurs c'est fait pour se taper sur la chetron et c'est tout), sur l'organisation de la maison (bon, en même temps je suis pédégère, oui ou non?), sur "j'arrête l'alimentation industrielle" alors que mes enfants préfèrent les cordons bleus du Dodu aux miens, sur "je cuisine des douceurs IG bas", alors qu'hier j'ai découvert que les 500g de farine de châtaignes se dealent à 8€49... bref j'ai bien lu.

A chaque moment de lecture, j'ai levé les yeux au ciel en disant tout haut "mais ouais, mais c'est ça, mais bien sûr. Ça va changer, moi je vous le dis. Ça va plus rigoler, faut se prendre en main, surtout qu'il ne me reste qu'une moitié de vie. Je vais la terminer en bonne santé, musclée mais pas trop, en mangeant des noix au goûter dans ma cuisine où les torchons sont rangés à la verticale, avec mes associés aux relations parfaites puisqu'ils ont trouvé leur place dans cette fratrie. Tiens je vais noter cette date importante sur mon carnet de vie. Merde, mon condemari a jeté mon carnet. Oh nooooon ma vie est foutue".

Pour résumer, chacun de ces livres ne m'a rien apporté. Enfin si l'angoisse de tout faire à côté.
Pour être tout à fait honnête, j'en ai tiré quelques bonnes idées et puis j'ai toujours adoré les noisettes mais j'ai toujours du mal à les appliquer dans mon quotidien. Qui ne ressemble à aucun autre et surtout pas à celui décrit dans le livre.

Mais revenons au titre de ce billet si tu le veux bien. Je ne sais pas comment faire pour oser vraiment. Pour être une grande fille maintenant (ce que m'a dit ma grand mère de mon 7e à mon 20e anniversaire).

Comment oser dire publiquement que je cherche des piges (ailleurs qu'ici), comment oser mettre en ligne un CV sur les sites spécialisés (à chaque consultation de l'un d'eux j'abandonne après avoir lu les autres profils dans ma branche)... parce qu'enfin c'est décidé, je veux développer cette activité. C'est ce que je sais faire. J'ai un super bureau à domicile, bref je dois me lancer. Prospecter. Dire coucou, c'est la pédégère, j'ai besoin de travailler pour ma tête et mon banquier.

Ce billet est un bon début.

J'te laisse, je vais refaire mon CV. Et après j'irai manger des épinards frais pour fêter ça.

Ps : non, je n'embrasserai pas une carrière de fleuriste. Oui le bouquet est joli. Beaucoup de verdure et un peu de couleur, voilà comment on s'en sort avec les 3 fois rien de son jardin. Ça ne vient pas d'un bouquin mais de la vie ;)