Elle est passée dans mon cœur. En plein dedans.
Elle m'a décousue la tête pendant quelques jours.
Où passe l'aiguille c'est le second roman* de Véronique Mougin.
Et comment vous dire?
Je ne sais pas si je vais réussir à retranscrire ici l'émotion que ce livre m'a procurée. Où passe l'aiguille c'est l'histoire vraie de Tomas Kiss, juif hongrois, de 1944 à aujourd'hui.
C'est le récit romancé de la vie du cousin de Véronique Mougin, adolescent déterminé et rêveur qui connaîtra l'horreur de la déportation avec son père Hermann et la perte de sa mère et de son petit frère. C'est l'histoire d'une résilience par la couture pour Tomi alors qu'il avait décidé d'enfiler la salopette bleue du plombier.
C'est l'histoire d'une aiguille qu'il décide finalement de prendre pour échapper aux travaux plus que difficiles-inhumains- du camp de concentration. Histoire d'être un peu au chaud.
C'est le récit de l'audace et de la chance alors qu'il ne sait pas coudre comme il faut (il a toujours refusé que son père, grand tailleur pour homme, lui transmette le métier). C'est la "vie" dans un camp de concentration, son horreur, les combines pour survivre, les amitiés qui se créent. Les trahisons pour un fond de soupe aussi.
C'est l'histoire d'un retour en Hongrie après les camps. Puis d'une fuite vers la France parce qu'ils retrouvent leur maison pillée, même leur cheminée est arrivée chez le boulanger. Et leur pays est devenu soviétique. Ils ne peuvent même pas travailler.
C'est l'histoire d'un jeune homme qui choisit, conseillé par son patron, la Haute couture.
C'est la vie qui continue, tout en pensant à son grand ami Hugo, lui aussi survivant des camps, resté en Hongrie. Il n'a même pas pu lui dire qu'il partait.
C'est l'horreur de la nuit avec ses cauchemars et le monde de la Haute Couture la journée.
C'est la beauté de la mode, pas si futile et tellement utile. Pour ceux qui la créent comme pour ceux et celles qui la portent.
C'est l'ascension fulgurante d'un travailleur acharné qui devient n°2 d'une maison de couture d'envergure mondiale
C'est la fierté d'un père très peu communiquée. Mais la fierté quand même.
C'est le roman choral où chaque récit répond à celui de quelqu'un d'autre.
C'est la fin bouleversante. Qui vous serre la gorge alors que vous aviez malgré tout souri voire ri tout au long du livre.
C'est un livre que je relirai.
*Le premier Pour vous servir dont je vous avais parlé ici nous offrait une plongée dans le monde d'une gouvernante chez les ultra-riches.