En fais-je trop pour mes ados ?

la team veste en jeans

 

Avec trois enfants sur quatre dans l'adolescence (et un Milou qui en prend parfois les grands airs), ça secoue un peu en ce moment dans l'entreprise. Rien de bien méchant, mais parfois j'ai l'impression qu'ils se sont mis d'accord pour m'user. Exactement comme quand ils étaient petits...

Avec notre grand de bientôt 14 ans et demi, clairement on tâtonne beaucoup. Quelle autonomie supplémentaire lui laisser par rapport aux jumeaux, seulement deux ans plus jeunes ? Pour être honnête, des fois l'autoriser à regarder le match de foot juste une mi-temps, alors que ce ne serait pas la fin du monde, est au-dessus de mes forces car Pierrafeu réclame la même chose et donc Milou aussi. Et certains soirs, je n'ai aucune énergie pour argumenter, expliquer. J'ai plus envie de hurler "LÂCHEZ-MOI ! AU LIIIIIT!" En plus, on a toujours été super stricts sur les horaires. Même s'il est en 3e, hors de question qu'il traîne en soirée. Puisque quand on l'envoie au lit, il dort presque tout de suite après, c'est bien qu'il est fatigué ! 

Ce qui n'arrange rien dans la prise d'autonomie c'est que Zorro plane très haut. Il oublie, ne sait plus, perd ses affaires, n'habite toujours pas la maison (enfin vu comment il cherche encore certaines choses chez nous, c'est l'impression qu'il donne) et il reste tellement coooool en toutes circonstances que c'est déstabilisant. 

En ce moment, je suis en pleine interrogation sur les limites que je dois moi-même m'imposer quant à le laisser se débrouiller seul, surtout dans le domaine scolaire. Il est clairement autonome dans son travail. Il fait ce qu'on lui demande (très rarement plus :)), il est assez sérieux mais je ne peux pas m'empêcher de fourrer mon nez dans son agenda et de lui mettre la pression sur son travail, notamment en français. Alors est-ce que j'en fais trop ? Il a Une jeunesse au temps de la Shoah (extraits d'Une vie) de Simone Veil à lire. Le livre lui a été donné avant les vacances (vers le 7 février). Toutes les vacances, je lui ai dit "Lis, ton livre, et si tu ne comprends pas, demande-moi". 

Je vous le donne pas en 1000, car vous avez compris, il a à peine avancé, arguant que la lecture est compliquée. Alors quelle serait votre réaction ?
Vous allez me dire "on ne peut pas le lire à sa place". C'est vrai (et même si j'ai lu Une vie, je n'ai plus tout le livre en tête). Mais moi, ça me fait péter les plombs, parce que nous sommes assez présents pour l'aider s'il a besoin. En plus, je voudrais qu'il comprenne qu'il passe à côté de l'histoire incroyable d'une femme extraordinaire! 

Alors, j'ai pris le bouquin, je lui ai lu les passages qui me semblent importants, je lui ai expliqué. On a cherché ensemble des quiz sur le net pour qu'il s’entraîne un peu... 

La vraie question est : pourquoi je ne le laisse pas se débrouiller et assumer seul les conséquences d'une piteuse en français ? (comme par exemple la privation de son téléphone) ?

Pourquoi, je leur demande chaque matin "as-tu pensé à ton sac de sports / à prendre tes affaires pour travailler en permanence, t'as un prof d'absent / tu prends pas un goûter pour l'atelier théâtre ? / mettez vos écharpes, il fait froid..."

Pourquoi Grand Mari ne leur demande jamais rien, à part de mettre leurs chaussons ? Pas qu'il ne s'intéresse pas à leur scolarité (son rayon, c'est les maths, la svt et la physique), mais il ne va jamais sur Pronote (l'application du collège où sont l'emploi du temps, les devoirs, les résultats) par exemple (et ne supporte pas le contact du carrelage froid).

Il n’étouffe pas d’angoisse quand Pierrafeu refuse d’aller au collège (alors même qu’il gère le problème autant que moi). Il prend ce qu’on appelle… du recul. Et les laisse aussi beaucoup plus se gérer et ce, dans tous les domaines. Pour lui ce n’est pas la fin du monde si le match de foot de Milou se joue entièrement sous des seaux de flotte, si Zorro a oublié sa gourde d’eau pour aller au hand, si Rosette a oublié sa feuille d'inscription pour le voyage scolaire. Comment arrive-t-il à se dire que ses enfants ne vont pas être marqués à vie de cette situation ? Mieux ! Il trouve que ça les endurcit et/ou que ça leur fait les pattes.

Bon, vous voyez que je ne manque pas, pour ma part, de recul sur le ridicule de mon angoisse au sujet de mes enfants.

Alors, je fais des efforts. Notamment avec Pierrafeu. Quand il danse pour les devoirs, je refuse désormais de l’aider. Ça ne fonctionne cependant pas toujours… récemment il n’a pas voulu revoir son anglais. Très bien, on ne le révise pas ensemble. Il a eu beaucoup de difficultés à s’endormir, puis le matin à se réveiller. Et ainsi, 5 minutes avant de prendre le bus « maman, s’il te plaît aide moi pour l’anglais ». Vous savez ce que j’ai fait. Et j’ai même demandé à Grand Mari de les emmener au collège pour qu’on ait plus de temps (et parce qu’il pleuvait à verse et que je ne voulais pas qu’ils soient trempés en arrivant en cours).

J’ai peur d’être un parent hélicoptère qui passe son temps à tournoyer autour de ses enfants à anticiper leurs besoins, à les empêcher de tomber, les aider pour tout… bon, quand je leur hurle dessus qu’ils m’épuisent (forcément), je plus une maman-avion-de-chasse qui franchit le mur du son. Et je sais très bien gérer leur frustration (ça fait un peu sadique dit comme cela, mais je n'ai aucun souci à ce que mes enfants n'aient pas ce qu'ils veulent immédiatement. Ou jamais).

Apparemment, je ne suis "pas la pire mère du bahut", des potes de Zorro ont leur mère "encore plus sur le dos". Non, moi je suis "cool quand même".  Surtout quand je passe des heures sur les devoirs de français ou que je lave à la dernière minute le jean qu'il faut absolument pour la répét' de la pièce de théâtre.

Éternel cycle de la mère de famille ? (Faudrait penser à en mettre en place un sur les lave-linge "express, poches vidées, même des mouchoirs en papier, recrache toutes les chaussettes").

Ps : oui ce sont essentiellement les gars qui sont un peu compliqués à gérer ces derniers temps mais Rosette ne se laisse pas faire et pour elle, c'est l'ennui mortel de vivre où elle vit. Ses parents sont loin d'être funs et "on fait jamais rien ici". En gros, hein.