Quand t’es nulli, tu regardes d’un œil attendri (enfin dans mon cas c’était plus de la politesse), le nourrisson sagement endormi. Tu souris à l’écoute du récit des nuits infernales qu’il fait passer à ses parents.
Tu oses même penser « sérieux, faut toujours qu’elle en rajoute Simone, comme si un truc de 55 cm pouvait te rendre la vie infernale »
Et quand tu as ce bébé dans les bras, TON enfant, tu sais.
Enfin, tu le sais assez vite. Parce qu’à la mater ton bébé, ton tout petit, ton roudoudou, dort. C’est un amour. T’es prête à y retourner même si l’épisio te gratte encore ou que la césarienne t’a rendu plus vieille que ta grand-mère.
Et puis, c’est le retour à la maison et tu te demandes bien quelle drogue ils lui avaient collé dans le bib ou le sérum phy à la maternité, parce que là maintenant après cette première nuit hachée comme un steak, t’es prête, vous êtes prêts à acheter un stock de cette drogue mystérieuse.
Et puis, tu te reprends. Toi, tu vas gérer. (N’oublions pas que la nulli devenue primi est bien naïve).
Dans l’entreprise Zorro a très vite fait ses nuits. Expression à la con, s’il en est mais bref à trois semaines, il dormait de 22 heures à 7 heures. Donc j'ai pavané. « Oh, bah tu sais Simone, Zorro dort bien. Oui plus de 6 heures. Oui sans se réveiller. ». J'y prenais un certain plaisir.
A ça, on s’est vanté avec Grand Mari ! Et on l’a payé cher deux ans après avec l’arrivée de Rosette et Pierrafeu.
Là, on a compris. Les nuits blanches, les siestes décalées, les journées de 22 heures…
Un mois et demi après leur naissance, je suis tombée dans les pommes de fatigue.
Et c’est à ce moment que je me suis dit que vraiment, cet état que je croyais connaître quand j’étais étudiante perfusée au baby coca avec des réveils à midi et ben j’en étais loin.
Avec Milou on a refait fait les fiers (on est pas des moitiés de crâneur dans l'entreprise). On était sorti de l’enfer de la fatigue et du stress et même si Pierrafeu nous faisait de belles terreurs nocturnes, c’était RIEN comparé aux premiers mois des grumeaux.
Et puis un seul enfant c’est vraiment plus facile que deux !
Sauf que le Milou, ce boulet du sommeil, n’a dormi que six heures d’affilée à 9 mois environ. Et que depuis, c’est nuit hachée sur nuit hachée. Avec des périodes où il ne se réveille que deux fois à des périodes où on se lève 5, 6, 7 fois par nuit. Le record étant de 14 levers. Alors dans ces moments là, je me demande comment je vais faire le lendemain au bureau, si je baillerai encore pendant la réunion ou en entretien, si j'oublierai où j'ai garé ma voiture, si Grand Mari n'oubliera pas les associés à la sortie de l'école…
Il manque le filet de bave...
Je me demande comment je tiens, comment nous tenons alors que les yeux nous piquent en journée, que la lassitude est là, que la patience a quitté nos personnes parfois dès le matin, que le soir à partir de 18 heures, nous sommes d’une humeur de dogue sans aucun humour. AUCUN.
L’étape brossage des dents et coucher étant le summum de l’impatience. « Vas-y crache le dentifrice, oui c’est bon elles sont rincées là. Aller, ALLER au lit. Non pas d’histoire ce soir, il est trop tard. AU LIT !!!!! »
Mais en fait, primi, ne t’inquiète pas trop, on s’habitue.
Les grasses mat’ jusqu’à huit heures sont synonymes de fête, les nuits sans les enfants sont des joyaux, les siestes des enfants quand ils la font encore sont le moment idéal pour les parents d’en faire autant et les DVD sont tes meilleurs amis quand ils ne la font plus….
Et surtout tu sauras que non, tu n’es pas seule avec ton teint blafard et tes cernes violettes.
Et que Simone n’en faisait pas trop.
Enfin, attends toi à en baver quand même.
Aller, bonne nuit !