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Tu seras une femme, ma fille.

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Avec trois frangins qui l'encadrent dans la fratrie, ma Rosette se sent parfois un peu perdue. Même si durant toute sa petite enfance elle ne s'est jamais sentie exclue des jeux, composant avec l'imagination de ses frères, elle a également su les entraîner dans ses aventures, notamment Milou, le plus petit.

Néanmoins, entrant dans la (pré) adolescence l'écart se creuse, parfois.

 

Quand nous avons su que Milou était un garçon, on a préparé Rosette à son arrivée, persuadée qu'elle était que le bébé à venir serait une fille. C'était pour elle mathématique : elle avait déjà deux frères, elle allait avoir une sœur.

Du haut de ses à peine trois ans, elle a bien compris que c'était la nature qui décidait. Et elle s'est fait à l'idée.

Aujourd'hui ses préoccupations et ses envies changent et elle se sent de temps à autre incomprise "ils ne fonctionnent pas comme moi". Ah ça c'est certain ma fille! Quand tu découches pour un soir ou plusieurs, à mon tour je me sens un peu perdue.

Alors, je veille. Parce moi plus que ton papa je peux te comprendre.

Je veille à ne pas trop te voir traîner avec moi en cuisine, je m'interroge quand tu me demandes pour faire la vaisselle, je fais attention que les tours de table tournent et que tes frangins en fassent autant.

Je veille à ton intimité, tu en demandes de plus en plus "à cause" de ton corps qui commence à changer.

J'explique à toi et tes frères ce qu'est la journée internationale des droits des femmes. Je ne sais pas bien si vous comprenez que des filles mineures (et très jeunes) sont mariées de force dans certains pays, que certaines n'ont pas accès à l'école, à l'éducation.

J'essaie de veiller à l'égalité entre vous, même si ça passe par de petits actes comme demander à mamie d'apprendre aussi à ses petits-fils à coudre un bouton (ce qui a fait dire aux gars "non mais ça va pas!" humhum)

Souvent je me sens perdue (en fait). Est-ce que je donne la bonne image à mes enfants en ayant ralenti sur le boulot pour avoir plus de temps pour m'occuper d'eux? Est-ce que ça ne leur met pas dans la tête l'idée qu'une femme doit s'arrêter de travailler quelque temps (ou plus) à l'arrivée de ses enfants? Et pourquoi pas le papa?

Et quand je râle sur mes casseroles, alors que Grand mari s'occupe du linge en silence?

Pourtant je réalise quand même quelques trucs dont ils sont fiers comme courir seule dans la campagne et leur certifier que je n'ai pas peur. Et c'est vrai que je n'ai pas peur. Malgré cette camionnette blanche ou ce cycliste vraiment louche.

Ou quand je pars en vacances en Bretagne avec eux. Ils ne s'en rendent pas forcément compte mais j'espère qu'ils voient bien que je me débrouille très bien sans leur père ;)

Pas facile de montrer "la bonne voie" quand je doute encore de mes choix tous les jours.

Un jour elle sera une femme, notre fille.

 

Ce texte est ma participation au #10dumois de Claire (lien sur l'image ci-dessous) sur le thème "le 8 mars, c’est tous les jours". Chaque 10 du mois un nouveau thème est proposé et je tente de le décaler un peu.

Mes précédentes participations :

>Ces "bonne année" que je ne peux plus souhaiter

>Amour toujours

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Commentaires

  • Sabine,
    Merci pour ces mots si justes, et qui résonnent tellement avec mes réflexions... Mon schéma familial est un peu différent, moi j'ai deux filles et un garçon, mais ça m'est difficile, en tant que féministe, de voir que c'est moi qui fait à manger tous les jours, que c'est moi qui vais les chercher à l'école, que c'est moi qui suis à 80%...
    Pas facile de concilier mes idéaux d'équité, et la réalité de notre société où le grand-père dit à mon fils que "les garçons ça pleure pas"...
    Mais on va se battre, et nos enfants, filles et garçons, auront une société un peu plus juste, il faut encore espérer!

  • Et je suis certaine que ta fille, tout comme tes garçons, seront fiers de l'éducation que tu leur as apporté. Même si tu as réduit ton activité, même si tu cuisines tous les jours, ce sont des valeurs que tu leurs transmets qui leur montrent que les filles et les garçons ont les mêmes droits.
    Merci pour cette belle participation, encore une fois.

  • je crois que tu pourras lui faire lire, leur faire ce texte qui démontre bien que tes choix sont aussi des choix éclairés : tu as ralenti pour t'occuper d'eux, parce que tu l'as voulu. le dialogue est essentiel pour justement ne pas leur donner l'image de la mère qui DOIT mais de celle qui a voulu plutôt. Orienter leur réflexion sur le "pourquoi toi et pas papa". Afin que cela ne devienne pas juste un fait et donc une norme. Et que les faits peuvent et doivent changer, grâce à eux tous.
    Super billet !

  • Équité ne veut pas dire qu'on doit obligatoirement faire la même chose. Je pense qu'on peut être féministe et aimer cuisiner, et même aller jusqu'à avoir du plaisir à nourrir sa famille. Être féministe et prendre le temps de s'occuper de ses enfants au détriment quelques temps de sa vie professionnelle, si on le souhaite et si on l'assume. Féministe et allaitante aussi d'ailleurs. C'est aussi ça la liberté de choix, s'autoriser à aimer malgré tout les tâches traditionnellement attribuées aux femmes, si tel est le cas.

    J'ai détesté ado le fait qu'on me demande de faire plus de tâches ménagères qu'on n'en demandait pas à mes frères. J'ai refusé d'apprendre à repasser, puisqu'ils ne le faisaient pas. En revanche pour tout l'or du monde je ne rendrais pas les heures passées en cuisine avec ma mère, mon père et mes grand-mères. C'était mon grand plaisir et ça l'est toujours. Éclate toi avec ta fille en cuisine si elle aime, ce sera peut-être le Top Chef de demain, elle fera peut-être la loi dans un milieu d'hommes :P

  • Avec deux garçons et pas de fille, beaucoup de questions aussi sur l'image que je leur donne des femmes... Mon ado ne se gène pas d'ailleurs pour appuyer là où ça fait mal, en me demandant pourquoi j'accepte de faire quasiment tout alors "qu'il est dans son fauteuil"... Pour moi aussi, la course à pied a été un moyen de leur montrer une autre facette de leur mère... Et puis je compte aussi sur les choix que je fais, nos discussions, les livres dont je leur parle (et qu'ils refusent de lire ;-) ) ... Mais parfois, quand je vois les thèmes dominants des blogs féminins, je m'inquiète un peu... N'aurions-nous pas, nous même, intériorisés un certain nombre de thématiques "forcément féminines"... Est-ce si valorisant de savoir faire un beau gâteau ou un DIY ? L'idée que l'univers des femmes est forcément le foyer quand celui des hommes est forcément dehors reste très vivace dans la société, et quelque soit nos choix, nos renoncements ou nos exemples, nos enfants seront aussi le reflet de la société dans laquelle ils vivront : nous ne maîtrisons pas tout... En ce sens, s'interroger, le dire et l'écrire, et s'engager sur les causes qui nous tiennent à cœur, c'est déjà beaucoup !

  • ici une fille et deux garçons et je retrouve les mêmes tics que toi : non ce n'est pas à votre soeur de mettre la table = chacun son tour / non maman n'a pas peur d'aller seule avec vous à Strasbourg = même si je suis moins rassurée que quand c'est papa qui conduit ...

  • Je trouve que tes questionnements sont très sains et aideront justement ta fille à suivre une voie éclairée !
    Très joli texte, merci.

  • Si c'est très bien de se poser ces questions, je crois qu'il ne faut pas trop non plus s'en inquiéter. Les enfants ne reproduisent pas forcément le schéma familial, et heureusement. :) Ce n'est parce que vous avez arrêté de travailler, que vous donnez une mauvaise image à vos enfants, je suis sûre qu'ils sont bien plus intelligents que ça.
    Pour exemple, je viens d'une famille très traditionnelle, papa au travail, maman à la maison qui fait toutes les tâches ménagères. Je me suis construite à l'opposé, j'ai toujours voulu travailler pour ne dépendre de personne, mais pour autant je n'ai jamais trouvé dévalorisant le choix de ma mère car je sais qu'il était totalement assumé, et qu'il nous a permis d'avoir une jolie enfance.
    A l'inverse j'ai des amies dont les 2 parents travaillaient, et qui aujourd'hui ont fait le choix d'être mère au foyer.
    L'important c'est aussi de donner plusieurs modèles aux enfants : celui des parents, de la famille plus ou moins éloignée, des copains et copines... Ils savent très bien ensuite faire la part des choses. (même si à l'adolescence ils sont un peu perdus, mais ça c'est normal, ils y passent tous quelque soit le modèle familial!)

  • Bravo ! Beau texte très agréable à lire, comme d'habitude ! :-D

    Je partage tout à fait le point de vue de Claire.
    Le principal est de ne pas subir, mais de choisir et que cela nous convienne, peu importe notre situation. Et d'en discuter tous ensemble

    Parallèlement, former nos garçons aux tâches domestiques me paraît une évidence.
    A mon sens, c'est leur rendre service que de les préparer à savoir gérer "l'intendance" pour leur vie de jeune adulte.
    Qui fera la vaisselle/les poussières/le coup de balai/la lessive ... dans leur petit studio d'étudiant ? Il faudra bien qu'ils s'y collent. Cela leur sera d'autant plus facile s'ils ont acquis les bases.

    J'ai parfois proposé des listes de tâches à mes enfants (au lieu d'imposer) et chacun choisissait ce qu'il voulait ... au final, on est parfois surpris ...
    Et comme ce sont eux qui choisissent, ils ont tendance à moins ronchonner ;-)

  • Quel joli billet, on suit ta réflexion de maman/de femme.
    Comme pour le billet sur son envie de faire la vaisselle, ton regard sur Rosette et ta réflexion me nourrissent et font écho sur le schéma de ma tribu. Étant la seule femme de mon Poulailler j'ai à coeur de donner une éducation respectueuse de tous , des femmes , des personnes dites différentes (handi...) des farfelus, des relous...bref de tous. Dans mes grandes questions il y a aussi l'envie de ne pas faire de mes gars des assistés, des mini machos . J'aimerai qu'il soit débrouillards qui partagerons les taches dans leur foyer. Avec leur papa on en discute et même si notre partage des taches reste "classique" (majoritairement bouffe, linge pour moi/paperasse jardin/bricole pour lui)rien n'est figé. Il m'arrive de bricoler quand il n'est pas là, il cuisine quand je suis occupée ou absente.
    Nous sommes partisans du partage pour les Loulous ; vider lave -vaisselle, faire son lit, passer l'apsi, remplir la brouette (bois pour chauffage)...ça râle mais il le font ! Pour nous c'est une évidence qu'ils participent.
    Bref, ton billet résonne pour moi.
    bises

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